mercredi 18 avril 2012

Prédicateurs égyptiens

Abdulhamid Kishk fut une star des années 70 et 80. Connu pour son humour acerbe, ce prêcheur aveugle attirait jusqu'à dix mille fidèles dans sa mosquée du Caire, dont les agrandissements successifs n'étaient jamais suffisants. Les médias officiels le boycottaient mais ses sermons, enregistrés sur cassettes, circulaient largement, jusqu'à Casablanca ou à Marseille. Il raillait contre la dictature militaire, contre la paix avec Israël, contre la complicité d'Al-Azhar avec le pouvoir. Lui-même était issu de la prestigieuse université. Il était fermement opposé à toute musique, satanique par essence. Il s'est également oposé à toute restriction de la polygamie. Emprisonné une première fois en 1965, il fut interdit de prédication après une deuxième arrestation en 1981.


Mohammed al-Ghâzali, prêcheur et légiste islamique égyptien, s'est en son temps attiré les foudres des wahhabis par son désir de contextualiser l'islam. Déplorant l'agressivité de certains salafistes, il était partisan de la douceur et de la compréhension pour amener ou ramener les individus à l'islam. En revanche, pour les apostats avérés, pas de pitié : « si le gouvernement peine à condamner les apostats, n'importe qui peut se charger de le faire », déclara-t-il dans une fatwa de 1992 à propos de l'assassinat de l'écrivain Farag Foda.



Youssef al-Qaradaoui, égyptien, proche des Frères Musulamns, est aujourd'hui la star inégalée du télévangélisme arabe avec 60 millions de téléspectateurs. En matière d'islam il est une autorité reconnue et mainte fois récompensée, récipiendaire du "prix Nobel saoudien" par exemple. Proche des Frères musulmans, il est fier d'avoir été l'élève du modéré Hassan al-Banna.

Pour lui, l'apostasie peut être punie de mort seulement si elle s'accompagne d'autres crimes, tels "l'incitation à la guerre contre l'islam". L'apostasie est un grave danger, les apostats sont généralement détestables, mais, tant qu'ils dissimulent leur apostasie, allant jusqu'à prétendre qu'il sont restés musulmans, on ne peut rien faire contre eux. (Voir cette fatwa.)

Concernant les droits des femmes, l'excision n'est pas obligatoire en islam. A tire personnel il recommande cette pratique, sauf dans les cas où elle nuirait à la femme physiquement ou psychologiquement.

Pour les homosexuels, la mort par lapidation. La tolérance a ses limites.

Al-Qaradaoui est favorable aux attentats-suicides, même si les victimes sont des femmes ou des enfants, mais seulement en Israël où tous les habitants sont des soldats, ou de futurs soldats, ou mères de futurs soldats. Les attentats ailleurs, par exemple au Qatar où il vit, le révoltent, et il les condamne fermement.

Il a propose une ''journée de colère'' suite aux caricatures danoises, mais s'est ému des violences survenues.

Il n'aime pas les chi'ites qu'il considère comme des hérétiques, mais a su faire cause commune avec eux sur les choses qui comptent : par exemple il a confirmé la fatwa de Khomeyni qui condamnait à mort Salman Rushdie.

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