vendredi 2 janvier 2009

Soufismes - 2

Pour les soufis orthodoxes, tout cela est absurde. Le mysticisme islamique est un chemin strictement délimité vers la connaissance de soi. Le "vrai" soufi cherche à atteindre cet état par de rigoureuses disciplines, en particulier le dhikr, le souvenir de Dieu, par la récitation ou la méditation sur son nom. A travers la connaissance de soi, le mystique s'efforce d'atteindre la connaissance de Dieu Lui-même.

L'histoire est semée de conflits entre les mollahs (juristes islamiques) et les soufis. Les mollahs exigent l'obéissance ; les soufis tendent à insister sur la tolérance. Dans leur poésie, dont la lecture fait frémir les mollahs, les soufis représentent souvent le type d'extase qu'ils recherchent dans le langage de l'amour physique et de l'ivresse. "Je n'ai pas d'autre souci que l'ivresse et l'extase", a écrit Roumi, le plus grand poète du soufisme, que les disciples, l'ordre turc des Mawlawi, commémorent par une dance tournoyante qui est devenue en occident synonyme de tout le soufisme.

Cependant, les soufis orthodoxes sont aussi des musulmans respectueux de la loi. "Le soufisme est l'islam, l'islam est le soufisme." Dans l'islam orthodoxe les limites de la sainteté sont strictement prescrites. Des saints musulmans morts ne peuvent intercéder envers Dieu ou accomplir des miracles. Si des musulmans prient sur leurs tombeaux, ce ne peut être que pour la salvation du mort. Ils ne peuvent pas lui adresser leurs prières, ce serait de l'idolâtrie, shirk.

Il est remarquable à quel point le soufisme populaire s'écarte du soufisme orthodoxe. A Delhi ou à Lahore, les "vrais" soufis rejettent le soufisme populaire. L'un affirme qu'un vrai soufi doit connaître l'islam, aimer Dieu et être saint d'esprit ; mais les soufis du tombeau de Qalandar sont clairement fous. Un autre trouve que c'est de la superstition pas bien méchante. "Je me sens en sécurité parmi des occultistes creux. Je ne me sens pas en sécurité parmi des littéralistes."

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